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« Les races primitives sont un vrai coup de cœur »

Le cœur d’amoureuse des chevaux de Cindy De Clerck bat entre la Bretagne et la Norvège, où elle gère une réserve naturelle active dans l’élevage de préservation de chevaux dits primitifs. Son rêve ? Créer un projet équestre similaire dans le Morbihan. Moncheval.net lui a tendu le micro pour une interview membre à l’honneur.

Pourriez-vous vous présenter ?

J’ai 25 ans et suis zoologue spécialisée en biologie, éthologie et paléontologie/archéozoologie. Depuis toujours, j’aime beaucoup les animaux, la nature et la photographie. La préhistoire m’intéresse énormément aussi ! Je suis une passionnée de chevaux et monte à cheval depuis petite. J’ai véritablement commencé à pratiquer l’équitation vers 5 ans. C’était de l’équitation américaine (aussi appelée western), mais vers l’âge de 10 ans j’ai dû passer à l’équitation classique car il n’y avait pas de centre western là où je vivais à l’époque. Aujourd’hui, j’ai mon galop 7 western et galop 5 classique FFE.

Comment expliquez-vous cette passion pour les chevaux primitifs ?

Cette passion m’a surtout été transmise par mes grands-parents (paternels). Je passais toutes mes vacances scolaires dans leur réserve naturelle située en Norvège, où il y a des chevaux primitifs.

 

En grandissant, je me suis passionnée pour l’archéologie et surtout les animaux ‘préhistoriques’. De par ma passion pour les chevaux, les races primitives sont un vrai coup de cœur

Ce que j’aime chez ces chevaux, c’est qu’ils sont authentiques, ils sont vrais ! Ils n’ont pas été modifiés par l’Homme, ou très peu. J’aime leur look, leur rusticité. Malgré leur look sauvages ce sont d’excellents compagnons.

Vous êtes propriétaire d'une réserve naturelle en Norvège. De quoi s'agit-il exactement ?

J’ai hérité de la réserve naturelle de mes grands-parents en 2015. Je suis la 6ème génération à prendre la tête de la réserve, nommée Equus Ancestralis. Dans cette réserve, on fait de l’élevage de préservation (élevage pour sauvegarder une ou des espèces) de chevaux dits primitifs, comme le Tarpan (le vrai), le tarpan de Heck, le Dulmen, le Retuerta de Doñana, le przewalski ou le riwoche. Nous avons aussi d’autres espèces équines comme des ânes sauvages ou des hémiones. Grâce au climat semi-polaire, on a pu y recréer un paysage préhistorique et l’on a aussi ajouté des bisons d’Europe, des rennes sauvages (pas domestiques !), des orignaux… Nous avons également des animaux prédateurs, comme des ours bruns, des carcajous, des loups, des tigres de Sibérie ainsi que des panthères de l’Amour et panthères des Neiges (aussi appelées Onces), qui sont réparties dans de vastes enclos. Ces animaux peuplaient autrefois l’Europe, pendant le néolithique et même avant ! Bien entendu, la réserve sert de milieu naturel et est protégée pour la flore et la faune locale (scandinave) et pour les espèces migratrices (notamment les oiseaux).

Parallèlement à cette réserve, je travaille également en lien avec 2 autres réserves co-gérées avec mes deux cousines et cousin (ils en sont aussi propriétaires) : l’une à Kemano, en Colombie-Britannique (Canada), et l’autre dans le Nothern Cap, en périférie de Springbok en Afrique du Sud. Pour réunir les réserves, nous avons créé une association sous le nom d’Equus Ancestralis Association.

 

Dans la réserve les chevaux vivent en liberté totale. Bien que séparés par race pour éviter les mélanges

Ils y cohabitent avec les rennes, les bisons et autres animaux. Nous avons aussi une petite partie centre équestre, où nous avons sélectionné une vingtaine de nos chevaux pour la pratique de l’équitation. Grâce à l’équitation, on peut plus facilement faire connaître le cheval primitif aux cavaliers (ou non !) et montrer qu’ils sont tout aussi bien et polyvalents que les chevaux modernes. Sans les chevaux primitifs il n’y aurait pas eu les chevaux ou poneys de sport moderne.

Vous parlez aussi de chevaux rares ou en voie d'extinction. De quelles races s'agit-il concrètement ?

Il y a beaucoup de races équines en voie de disparition, malheureusement. Les chevaux le plus en danger sont les chevaux primitifs ou anciens. Et les chevaux de trait. Les traits ont été remplacés par les machines. Heureusement que des passionnés les ont sauvés. Les autres ont été laissés de côté, voire carrément oubliés par le monde équestre parce que les chevaux et poneys de sport moderne sont considérés comme plus performants pour le sport ou le loisir.

 

Les races les plus en danger sont le sorraia, le retuerta de Doñana, le Caspian, le przewalski, le riwoche, le Lehmkuhlener, le Galicien, … ainsi que la plupart des chevaux de trait

Votre réserve naturelle agit donc comme une sorte de sanctuaire pour ces chevaux ?

Exactement. Dans ma réserve, on peut voir des chevaux qu’on ne trouvera nulle part ailleurs, comme le Tarpan, le vrai de vrai et non le reconstitué ! Pour la plupart, les chevaux peuvent vivre en totale liberté. Ils ont une vraie vie de chevaux sauvages.

Comment avez-vous découvert moncheval.net ?

Via une pub sur Facebook. J’aime bien le site, on peut y rencontrer d’autres passionnés de chevaux et d’équitation.

Quel est votre rêve équestre ?

Monter le même genre de réserve (une prolongation) sur la Bretagne, par exemple dans le Morbihan. Cela permettrait d’attirer l’attention d’un public plus large sur les chevaux primitifs tout en diversifiant le patrimoine génétique de mes animaux. La géologie du Morbihan est, je trouve, assez primaire. Le terrain forestier y est resté assez naturel, donc parfait pour mon projet !

 

 

 

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